On connaĂźt dĂ©jĂ la souffrance que vivent les femmes trompĂ©es. Mais on sâattarde rarement Ă celle que vivent les maĂźtresses. Rose-Marie Charest, clinicienne et ex-prĂ©sidente de lâOrdre des psychologues du QuĂ©bec, nous parle de la dĂ©tresse de la mĂ©chante » maĂźtresse. Et une femme nous livre, avec grande gĂ©nĂ©rositĂ©, le rĂ©cit de son histoire passĂ©e avec un homme mariĂ©. Une relation qui lâa anĂ©antie et dont elle porte toujours les sĂ©quelles. Entrevue avec Rose-Marie Charest Vous avez dĂ©jĂ mentionnĂ© quâen gĂ©nĂ©ral, les hommes attachent peu dâimportance Ă leur maĂźtresse, quâelle ne tient pas une place significative dans leur vie affective. Croyez-vous que les femmes sont aussi capables de vivre avec leur amant une relation dĂ©pourvue de sentiment amoureux? Il y en a peut-ĂȘtre, mais je nâen ai jamais rencontrĂ©. Bien sĂ»r, si la femme est dĂ©jĂ en couple, il est possible quâelle sâinvestisse moins dans sa relation extraconjugale. Mais cela demeure thĂ©orique. Car je vois beaucoup de femmes qui, au dĂ©part, se disent Je vais le prendre pour ce quâil peut mâapporter.» Mais elles finissent par avoir des attentes, Ă sâattacher et Ă souffrir de la non-rĂ©ciprocitĂ©. Elles ont un dĂ©sir amoureux qui dĂ©passe largement le dĂ©sir sexuel. On juge beaucoup les maĂźtresses. Pourrait-on aussi les plaindre? Elles ont Ă©tĂ© abondamment jugĂ©es. On les considĂšre comme la mĂ©chante du trio. Souvent mĂȘme, la femme qui dĂ©couvre que son mari la trompe en voudra davantage Ă la maĂźtresse quâĂ son propre conjoint. Et, pourtant, câest lui qui a manquĂ© Ă son engagement, qui Ă©tait liĂ© par une promesse de fidĂ©litĂ©. On fait encore beaucoup porter Ă la femme la responsabilitĂ© de la sexualitĂ© de lâhomme. Câest de sa faute, câest elle qui lâa attirĂ©! Bien sĂ»r, elle a sa part de responsabilitĂ©. Mais il est trĂšs rare quâun homme sĂ©duise une femme en lui avouant dâemblĂ©e Je suis engagĂ© et je ne laisserai jamais ma femme, je cherche une aventure.» La plupart du temps, il laisse entrevoir un espoir. Quand les enfants seront grands⊠on ne sait jamais⊠ça ne va pas trĂšs bien avec ma femmeâŠÂ» On sait Ă quel point lâimaginaire contribue largement Ă lâattachement amoureux. Et câest encore plus vrai dans ce type de relation. Il est facile pour une femme dâimaginer que son amant souhaiterait ĂȘtre plus prĂ©sent, mais quâil ne peut pas. Normalement, lorsquâun homme ne donne pas signe de vie pendant des jours, on prend bonne note de son dĂ©sintĂ©rĂȘt. Mais sâil est engagĂ©, on veut bien attribuer son silence Ă ses obligations dâhomme mariĂ©. Facile aussi dâimaginer comme la vie serait donc merveilleuse si lâhomme quâon aime Ă©tait disponible. Une image forte, qui accentue le sentiment amoureux. Beaucoup de femmes prĂ©fĂšrent se contenter du peu quâelles reçoivent mĂȘme en sachant que cet amour est impossible. Car les quelques heures passĂ©es avec leur amant sont gĂ©nĂ©ralement des moments de grĂące, intenses et passionnels. Or, dans la vraie vie, une relation de couple nâest pas constituĂ©e exclusivement dâĂ©bats passionnels. Il y a aussi le quotidien, les petits tracas, la fatigue, qui finissent par peser sur la relation. Lorsquâon frĂ©quente un homme Ă raison de quelques heures par semaine, on peut avoir tendance Ă lâidĂ©aliser. Câest pour cette raison que ces femmes ont de la difficultĂ© Ă rencontrer dâautres partenaires. Elles trouvent leur amant tellement extraordinaire que tous les autres ne font pas le poids Ă cĂŽtĂ©. Les maĂźtresses se sentent-elles coupables, jugĂ©es? Craignent-elles de se confier Ă leurs proches? Oui. Elles vivent Ă©normĂ©ment dâisolement et de honte. Elles ont peur dâĂȘtre dĂ©couvertes, vivent dans le secret et nâosent pas se confier. Et, le plus souvent, elles ont peur que lui soit dĂ©couvert. Et que cela mette fin Ă la relation. Pourtant, elles pourraient aisĂ©ment prendre le tĂ©lĂ©phone et dĂ©voiler au grand jour leur secret Ă lâĂ©pouse, ce qui, en principe, devrait leur apporter ce quâelles dĂ©sirent le plus la rupture du mariage de leur amant. Mais elles ne le font pas. On peut penser quâelles sâabstiennent de passer Ă lâacte, car cela changerait la dynamique de leur relation. Il y a quelque chose de trĂšs particulier dans le fait dâaimer un homme qui est aimĂ© par une autre femme. Cela nâest pas sans rappeler le couple parental, nos parents, quâon voulait unis. Il y a donc une certaine volontĂ© de ne pas faire Ă©clater le couple. Des femmes sont-elles plus enclines que dâautres Ă sâengager dans une relation interdite? Certaines femmes cumulent les relations dâamours interdits. Sur le plan psychologique, il y a une dynamique qui fait quâon peut ĂȘtre attirĂ©e par un homme inaccessible. Ce sont souvent des femmes qui ont peur de lâintimitĂ© et de lâengagement. Mais cette peur ne les empĂȘche pas dâavoir un dĂ©sir amoureux. Sâattacher Ă un homme engagĂ© satisfait ces deux besoins ĂȘtre dans une relation amoureuse sans intimitĂ© ni engagement. MĂȘme si, consciemment, la femme dĂ©sire vivre le quotidien avec cet homme, une relation Ă temps partiel nâĂ©veille pas sa peur irrationnelle de lâintimitĂ©, câest plus confortable. La maĂźtresse vit dans lâattente que son amoureux devienne libre. Quelles en sont les rĂ©percussions sur sa santĂ© psychologique? Cela fragilise lâestime de soi. Attendre dâĂȘtre choisie et ne pas lâĂȘtre finit par la brimer. Câest toute la vie sociale qui sâen ressent. Le fait de porter un secret, de ne jamais ĂȘtre vue en couple, dâĂȘtre seule dans les moments difficiles, comme lorsque surviennent la maladie ou les soucis financiers. Câest sans compter quâelle doit souvent faire le deuil de la maternitĂ©. Ne pas ĂȘtre choisie reprĂ©sente beaucoup de pertes et peut entraĂźner des souffrances importantes, qui peuvent aller jusquâĂ la dĂ©pression. On a tendance Ă banaliser la souffrance de la maĂźtresse. Pourtant, celle-ci vit une rĂ©elle et trĂšs grande dĂ©tresse. Dâautant plus quâon sait Ă quel point la relation amoureuse occupe une place centrale dans la vie des femmes. Celles qui sont aux prises avec une telle relation devraient cesser de se juger et de se culpabiliser. Elles auraient intĂ©rĂȘt Ă entreprendre une dĂ©marche pour parvenir Ă faire des choix plus constructifs. Ă lire Les femmes, ces menteuses Une maĂźtresse tĂ©moigne sad woman profile silhouette in dark Je lâai tout de suite reconnu. Un jumeau, une Ăąme sĆur, un alter ego. Nous avions le mĂȘme humour, nous partagions les mĂȘmes valeurs, les mĂȘmes intĂ©rĂȘts. Pendant quelques annĂ©es, notre relation a Ă©tĂ© platonique. CâĂ©tait pour moi un frĂšre bienveillant. Jâai fini par sentir quâil sâĂ©prenait de moi, quâil Ă©tait sensible Ă mon charme, tout en se gardant de lâexprimer. JâĂ©tais aussi trĂšs attachĂ©e Ă lui, mais je ne voulais pas dâune relation avec un homme mariĂ©. Par respect pour moi et pour lâautre femme. Puis, un jour, portĂ©s par lâivresse du classique verre de vin, dans une ambiance propice au rapprochement, nous avons laissĂ© nos bonnes intentions de cĂŽtĂ©. Mon attirance pour lui a eu raison de mes principes. Le barrage a cĂ©dĂ©. Nous avons vĂ©cu une folle passion. Les rendez-vous dans lâombre, le cĆur qui bat la chamade, les courriels enflammĂ©s⊠Nous volions si haut. Au bout de deux mois, jâai nĂ©anmoins voulu rompre. Je souffrais dĂ©jĂ dâĂȘtre second violon. Ă mes yeux, notre amour mĂ©ritait dâĂȘtre vĂ©cu en plein soleil. Je ressentais aussi de la culpabilitĂ© envers sa femme, que je ne connaissais pas. Elle sâinterposait entre nous tel un fantĂŽme. Quand je lui ai annoncĂ© ma dĂ©cision, il mâa rĂ©pĂ©tĂ© Ă maintes reprises, les yeux plantĂ©s dans les miens, le ton solennel Je tâaime profondĂ©ment, tu es la femme de ma vie. Je ne te laisserai pas tomber. Attends-moi.» Je nâai pas doutĂ© une seconde de sa sincĂ©ritĂ©. JâĂ©tais certaine quâil allait honorer son engagement. AprĂšs tout, je le connaissais depuis longtemps. Nous Ă©tions en phase sur tous les plans spirituel, philosophique, sexuel, affectif. Je lâadmirais beaucoup. JâĂ©tais fiĂšre quâun homme dâune telle envergure sâintĂ©resse Ă moi. Il correspondait en tout point au compagnon de vie que jâavais dessinĂ© dans ma tĂȘte vif dâesprit, cultivĂ©, drĂŽle, sensible aux autres, tendre. Alors jâai attendu. Longtemps. Les annĂ©es qui ont suivi mâont marquĂ©e au fer rouge. Mon chum» refusait de me considĂ©rer comme sa maĂźtresse. JâĂ©tais son grand amour». Ătais-je naĂŻve? Je ne crois pas. Je continue de penser, encore aujourdâhui, quâil Ă©tait sincĂšrement Ă©pris. Il nâĂ©tait pas le genre Ă cumuler les aventures et Ă se jouer des femmes. Sauf que la situation a fini par me rendre dingue. Je dormais mal, je mangeais peu, je prenais des mĂ©dicaments, je pleurais tous les jours. Je lui cachais toutefois mon dĂ©sarroi, de peur de le faire fuir. Lorsque venait le temps des vacances familiales, il se sentait coupable et me couvrait de cadeaux. Je redoutais ces pĂ©riodes durant lesquelles il se rapprochait de sa famille. RongĂ©e par lâangoisse, jâĂ©tais toujours dans lâattente dâun coup de tĂ©lĂ©phone ou dâun courriel. Il me racontait les balades en vĂ©lo, la vue magnifique, les soupers chez le beau-frĂšre. Je lâimaginais avec les siens et ça mâanĂ©antissait. Je ne supportais plus de ne pas ĂȘtre choisie. Jâai fini par le confronter, car je sentais quâil ne passerait pas Ă lâacte. Câest durant un week-end Ă son chalet quâil mâa annoncĂ©, par courriel, quâil ne quitterait pas sa femme. Il nây a pas de mot pour dĂ©crire ma douleur. Jâai senti le sol se dĂ©rober sous mes pieds. Peu de temps aprĂšs, on mâa dâailleurs diagnostiquĂ© une dĂ©pression majeure. Selon ma psychiatre, cette rupture amoureuse fut lâĂ©quivalent sur le plan psychiatrique dâun arrĂȘt cardiaque. En effet, mon cĆur sâĂ©tait arrĂȘtĂ©. Jâai cessĂ© de travailler. Je me suis bercĂ©e pendant des mois sur la vĂ©randa chez ma mĂšre. Nous avons coupĂ© les ponts pendant un bout de temps avant de renouer. Il a fini par me refaire les mĂȘmes promesses, avec la mĂȘme ardeur. Les choses ont Ă©volué», disait-il. Je pense quâil voulait y croire. Moi, en tout cas, jây ai cru une deuxiĂšme fois. Il a dâailleurs annoncĂ© Ă sa femme et Ă ses enfants son intention de quitter le nid familial. Il a pris les services dâun agent immobilier afin de vendre sa propriĂ©tĂ©. Notre projet de vie commune reprenait forme. Nous allions vivre dans cette jolie petite maison que nous avions repĂ©rĂ©e, il allait me faire des enfants. Jâavais hĂąte de le prĂ©senter Ă ma famille â la plupart des membres ignoraient ma relation avec lui. Il nây a pas de fiertĂ© Ă dire quâon voit un homme qui nâest pas libre. Et puis, je nâavais pas le goĂ»t dâentendre Ma pauvre fille, tu vas te briser.» Ă lire Comment soutenir une amie qui vit une relation abusive Quelques semaines aprĂšs avoir dit Ă sa femme quâil la quittait, il est redevenu fuyant. Il sâest mis Ă espacer nos rendez-vous, son ton changeait. Et il ne faisait toujours pas sa valise⊠Alors je lâai Ă nouveau confrontĂ©. Je me souviens parfaitement de la scĂšne jâĂ©tais dans une cabine tĂ©lĂ©phonique au centre-ville de MontrĂ©al. Je cognais sur les parois en hurlant de douleur. Il a promis de venir me voir en personne pour sâexpliquer. Il ne lâa jamais fait. Je crois que câest lorsquâil a Ă©tĂ© question de vendre sa maison quâil a reculĂ©. Ses enfants Ă©taient aussi bouleversĂ©s par la sĂ©paration Ă©ventuelle de leurs parents. Il ne supportait pas la perspective dâincarner Ă leurs yeux le rĂŽle du mĂ©chant qui quitte leur mĂšre. Jâai le sentiment que ma principale rivale nâĂ©tait pas tant sa femme que tout ce quâils avaient construit ensemble les enfants, leur maison, le chalet, les amis, le standing, le confort. Les hommes se dĂ©finissent beaucoup par leur rĂ©ussite familiale. Ils nâosent pas faire Ă©clater cette cellule, qui symbolise lâaboutissement dâun projet de vie. Je lui en veux encore dâavoir fait passer tout cela avant nous. Il a beaucoup utilisĂ© lâexcuse des enfants. Aujourdâhui pourtant, ils sont adultes, ils ont quittĂ© le nid. Mais lui nâest pas parti. Comment faisait-il pour vivre sans moi sâil mâaimait autant quâil le prĂ©tendait? Ăa reste, Ă ce jour, un grand mystĂšre. JâĂ©tais dans lâillusion quâil percevait cet amour de la mĂȘme maniĂšre que moi. Dans lâabsolu. Mais non. Lâautre est toujours un autre que soi. Il a son univers, son jardin secret, sa propre conception des choses. Câest la conclusion que je tire de cet Ă©pisode de ma vie, dont je porte toujours les sĂ©quelles. Une partie de moi est abĂźmĂ©e Ă jamais. Si je lui en veux dâavoir nourri mon espoir si longtemps, si je lui en veux de mâavoir trahie Ă mort, je sais aussi que jâai contribuĂ© Ă mon malheur. Jâai fait un mauvais choix â je lâassume. Jâai gĂąchĂ© ma trentaine. Câest un Ă©pisode de ma vie dont je parle rarement parce que je supporte mal les jugements Ă lâemporte-piĂšce. Notre histoire nâest pas celle dâune fille naĂŻve qui sâest fait avoir par un salaud qui trompait sa femme. Je nâĂ©tais pas non plus une voleuse de mari». Les gens ont tendance Ă poser des Ă©tiquettes pour se rassurer. Il y a le bien dâun cĂŽtĂ©, le mal de lâautre. Alors quâil y a un ocĂ©an de nuances et de subtilitĂ©s entre les deux. Les ĂȘtres sont si complexes. Ă lire Chez les millĂ©niaux, lâamour nâa pas de sexe
Cependant ne vous attendez jamais Ă ce que la maĂźtresse soit fidĂšle et ne le lui demandez jamais. Dites-lui dâĂȘtre libre et dites-lui de trouver un homme qui soit meilleur pour elle, car cela ne fera que lui donner envie de plus (et mĂȘme la rendre fidĂšle). Pour la garder heureuse, assurez-vous de garder les choses claires et prĂ©cises TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 PARLER1, verbeI. â Empl. â Qqn parle1. Ămettre les sons articulĂ©s d'une langue naturelle. Parler bas, haut, fort; parler gras; parler distinctement; parler trop vite ; parler en dĂ©tachant, en martelant les syllabes; parler d'une voix Ă©touffĂ©e; parler Ă voix basse, Ă mi-voix; parler Ă voix haute; parler entre ses dents; parler de la gorge; facultĂ© de parler. Cosette, nous l'avons dit, n'avait pas eu peur. L'homme lui adressa la parole. Il parlait d'une voix grave et presque basse Hugo,MisĂ©r., 1862, qu'il Ă©tait Ă Paris, Edmond avait appris Ă parler du bout des dents et en serrant les lĂšvres, comme toutes les personnes du midi qui ont de l'Ă©ducation Aragon,Beaux quart., 1936, ... parler est un art qu'on apprend lentement, en attachant Ă chaque articulation un sens convenu. Or, l'on apprend Ă parler par le moyen de l'oreille sans son secours, nous ne pourrions tenter cet apprentissage; nous n'aurions mĂȘme aucune idĂ©e des sons articulĂ©s qu'il a pour but de nous accoutumer Ă reproduire, en y attachant les idĂ©es, ou les sentimens dont ils sont les signes convenus. Cabanis,Rapp. phys. et mor., 1808, Parler du nez. Parler avec un son nasal. Synon. mathĂ©maticien Briot, un petit bonhomme pincĂ©, prĂ©tentieux, parlant du nez, d'un vilain nez, qu'il a eu cassĂ© Ă l'accident de chemin de fer de la rive gauche Goncourt,Journal, 1864, Lerat, l'aĂźnĂ©e des Coupeau, Ă©tait une grande femme, sĂšche, masculine, parlant du nez Zola,Assommoir, 1877, Au fig. Parler haut. V. haut1II C 2 b.â P. anal. [Le suj. dĂ©signe un animal; en partic., un oiseau] Ămettre des sons, des cris imitant le langage humain. Faire parler un perroquet, un mainate2. J'Ă©tais si Ă©tonnĂ©e d'entendre parler un oiseau, que mes contes de fĂ©es me parurent plus sĂ©rieux que je n'avais peut-ĂȘtre cru jusqu'alors. Je ne me rendis pas du tout compte de cette parole mĂ©canique dont le pauvre oiseau ne comprenait pas le sens puisqu'il parlait, il devait penser et raisonner, selon moi, et j'eus trĂšs-peur de cette espĂšce de gĂ©nie malfaisant qui frappait du bec les barreaux de sa cage, en rĂ©pĂ©tant toujours muera, muera! Sand,Hist. vie, 1855, On relĂšve un empl. de parler avec un suj. dĂ©signant un animal au sens de faire entendre son cri». Jamais les oiseaux ne cessent de parler. DĂšs l'aube, Ă l'heure oĂč cette nature sĂšche semble un peu mouillĂ©e de rosĂ©e, tous ensemble bavardent BarrĂšs, MystĂšre, 1923, Un chien de meute parla sous les hĂȘtres Genevoix, Dern. harde, 1938, Loc. pop. et fam. On dirait qu'il va parler. [Le suj. dĂ©signe un portrait fidĂšle ou une peint. rĂ©aliste] L'effigie de la jument verte demeurait en place. Le dimanche, lorsque toute la famille mangeait du bouilli ou de la grillade de cochon dans la salle Ă manger, Jules Haudouin levait les yeux vers la jument verte et, la tĂȘte penchĂ©e sur l'Ă©paule, soupirait en joignant les mains âIl y a des fois, on dirait qu'elle va parler AymĂ©,Jument, 1933, a Utiliser la parole pour exprimer sa pensĂ©e. Parler beaucoup, peu, trop; parler tous Ă la fois; parler sans rĂ©flexion; parler pour le plaisir de parler; faire qqc. sans parler; maniĂšre, façon de parler; aimer parler; oser parler; laisser parler qqn; avoir besoin de parler; Ă©crire comme on parle. Tout le monde parlait Ă la fois dans un tohu-bohu d'affirmations contradictoires et de dĂ©mentis insultants DorgelĂšs,Croix de bois, 1919, parlait tout seul en marchant, il pensait Ă voix haute, pour le soulagement qu'il avait Ă entendre le son de sa voix d'homme Genevoix,Raboliot, 1925, Parler pour amuser le tapis*. ⊠Parler pour parler, parler pour ne rien dire. Prononcer des paroles inutiles, sans intĂ©rĂȘt. âChang-KaĂŻ-Shek ne nous laissera plus aller jusque-lĂ , rĂ©pondit Kyo .... Il ne peut se maintenir ici qu'en s'appuyant sur ... les contributions de la bourgeoisie, et la bourgeoisie ne paiera pas pour rien il faudra qu'il lui rende sa monnaie en communistes zigouillĂ©s. âTout ça, dit Tchen, est parler pour ne rien dire Malraux,Cond. hum., 1933, pour parler est la formule de dĂ©livrance. Novalis, Fragments Ăluard,Donner, 1939, S'Ă©couter parler. V. Ă©couter A 2 respectueux silence de NoĂ©mi, chaque soir, tandis que sur un canapĂ© du salon, Jean PĂ©loueyre s'Ă©coutait parler, inclinait ce garçon Ă croire que, comme le disait M. le curĂ©, une jeune fille sĂ©rieuse prise surtout chez son fiancĂ© les avantages de l'esprit Mauriac,Baiser LĂ©preux, 1922, Savoir ce que parler veut dire. V. dire III A 3.⊠VoilĂ ce qui s'appelle parler, voilĂ qui est parler, ça c'est parler. [En parlant de qqn qui parle avec autoritĂ©, avec assurance; marque l'approbation de ce qui vient d'ĂȘtre dit] Quant Ă nous, remarquez qu'il s'agit simplement d'un caprice Ă satisfaire; et qu'il serait ridicule, pour un caprice, de risquer notre vie. âAh ! per bacco! s'Ă©cria maĂźtre Pastrini, Ă la bonne heure, voilĂ ce qui s'appelle parler Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, avez parfaitement raison, s'Ă©cria Jambe-D'Or, et pour moi, je crois Ă vos mines comme si je les avais vues. âJambe-D'Or, voilĂ qui est parler... Miomandre,Ăcrit sur eau, 1908, âĂa, c'est un frĂšre, s'exclama la dame chapeautĂ©e, ça c'est un frĂšre! Vous l'avez entendu? On va lui dire d'entrer pour le faire asseoir, on se poussera!... âElle ouvrit la porte âVenez, Monsieur, ça c'est parler! vous ĂȘtes un frĂšre, on va vous faire une petite place... L'homme, gĂȘnĂ© par ce succĂšs imprĂ©vu, entra. Triolet,Prem. accroc, 1945, Vous qui parlez. [S'adresse Ă qqn qui parle ou accuse avec audace ou impudence pour le rappeler Ă plus de modestie; s'emploie pour faire un reproche Ă qqn] La dĂ©fiance est un Ă©tat affreux! Est-ce lĂ le langage d'un homme libre qui croit que la libertĂ© ne peut ĂȘtre achetĂ©e Ă trop haut prix? ... Est-ce encore vous qui parlez ici? Quoi! c'est la dĂ©fiance du peuple qui empĂȘche le pouvoir exĂ©cutif de marcher; et ce n'est pas sa volontĂ© propre? Robesp.,Discours, Guerre, 1792, Parle toujours, tu m'intĂ©resses; parle toujours; parlez toujours. [Indique le peu de cas que fait ou fera le locuteur des propos tenus; indique que le locuteur ne tiendra aucun cas des propos tenus] Le Cardinal Revenez donc vous asseoir lĂ , Ricciarda. Je ne vous ai point encore donnĂ© l'absolution. La Marquise Parlez toujours; il n'est pas prouvĂ© que j'en veuille Musset,Lorenzaccio, 1834, ii, 3, place n'est pas ici. âParle toujours, dit le Russe du bout de ses longues dents, avec plus d'insolence que jamais Bernanos,Joie, 1929, [Constr. avec un compl. prĂ©p., un adv. ou une expr. Ă valeur adv. prĂ©cisant la lang., le ton, le style du message communiquĂ©] Parler correctement, grossiĂšrement, avec grossiĂšretĂ©, avec prĂ©ciositĂ©; parler haut et fort, sans maniĂšres; parler de façon dĂ©cousue; parler sans façons; parler pour parler; parler en latin, en français, en anglais; parler comme une grande personne; parler comme un moulin; si j'ose ainsi parler; si je puis parler ainsi; s'il est permis de parler ainsi; pour ainsi parler; pour parler plus clairement. Un mot n'attendait pas l'autre. Le vieux homme parlait avec une volubilitĂ© campagnarde oĂč il n'y avait rien d'inquiĂ©tant Hugo,MisĂ©r., 1862, parle dans une langue Ă©trangĂšre, et chacun l'Ă©coute dans un recueillement respectueux LautrĂ©am.,Chants Maldoror, 1869, parlait sec, d'un ton qui aurait suffi Ă me mettre hors de moi Mauriac,Noeud vip., 1932, Bien parler, parler bien. Parler avec Ă©loquence; s'exprimer correctement, avec Ă©lĂ©gance. Il a trĂšs bien parlĂ©. TrĂšs bon ouvrier, il parlait bien, se mettait Ă la tĂȘte de toutes les rĂ©clamations Zola,Germinal, 1885, mĂšre elle-mĂȘme, MĂ©lanie forma mon langage. Je n'ai pas Ă le regretter; tout ignorante qu'elle Ă©tait, elle parlait bien. Elle parlait bien puisqu'elle disait les mots qui persuadent et les mots qui consolent A. France,Pt Pierre, 1918, un fils de famille, qui parlait toujours de son pĂšre âmon pĂšre par-ci, mon pĂšre par-lĂ , le royaume de mon pĂšre, et il racontait des histoires aux malheureux qui l'Ă©coutaient avec admiration, parce qu'il parlait bien et qu'il avait de l'instruction PrĂ©vert,Paroles, 1946, Mal parler, parler mal. S'exprimer dans une langue peu soignĂ©e, incorrecte ou grossiĂšre. Je n'ai jamais appris Ă parler mal, Ă injurier et Ă maudire Joubert,PensĂ©es, 1824, gages, qu'il appelle des caches! Pauvre homme! S'il parle mal, il pense bien, et je l'entends tout de mĂȘme Balzac,Illus. perdues, 1843, RĂ©gion. QuĂ©bec. [Anglicisme] Parler Ă travers son chapeau, Ă travers sa tuque. Dire n'importe quoi. Nos homm's d'Ătat sont des gĂ©nies qui parl'nt Ă travers leur chapeau E. Coderre,J'parle tout seul..., 1961, ds Richesses QuĂ©bec 1981, Parler clair, net; parler clair et net; parler franc. S'exprimer sans ambiguĂŻtĂ© et avec franchise, ouvertement. Parlons clair et ne nous cachons pas dans des mots-brouillards Chateaubr.,MĂ©m., 1848, mĂšre Justamonde, matrone qui parlait franc, avait dit Ă son voisin, la veille de la signature de l'acte Excusez-moi si j'ai l'air de m'occuper de vos affaires ... mais faut pas tout donner aux enfants ...» R. Bazin,BlĂ©, 1907, y a des cas oĂč l'on devrait parler net, remarque l'ancien bĂ»cheron d'une voix dont il exagĂšre exprĂšs le grasseyement, mais possible que je n'en vaille pas la peine Bernanos,M. Ouine, 1943, Parler gras. Avoir un langage grossier, ordurier, licencieux. Elle retrouva ChĂ©ri grandi trop vite, creux, les yeux fardĂ©s de cerne, portant des complets d'entraĂźneur et parlant plus gras que jamais Colette,ChĂ©ri, 1920, ds Rob. 1985.⊠Parler comme un livre. V. livre I B 2 c.⊠Parler comme un oracle*. ⊠Parler d'or. Tenir des propos pleins de sens ou d'utilitĂ©. Petrowlski Je veux d'abord un bel uniforme avec des galons... pour que l'on voie bien que c'est moi qui commande!... Rabagas Nous l'aurons!... Petrowlski Et avec ça, j'irai partout, l'on me saluera!... Rabagas Vous parlez d'or! Sardou,Rabagas, 1872, ii, 4, secrĂ©taire ... La guerre elle-mĂȘme a ses vertus et il n'est pas jusqu'aux cimetiĂšres qui ne puissent ĂȘtre de bonnes affaires lorsque les concessions Ă perpĂ©tuitĂ© sont dĂ©noncĂ©es tous les dix ans. L'homme Vous parlez d'or... Camus,Ătat de siĂšge, 1948, 1repart., Je regrette de paraĂźtre dur, de blĂąmer implicitement la conduite de bon nombre de mes amis. Mais il leur suffisait de rĂ©flĂ©chir tant soit peu pour savoir que les conventions de La Haye interdisent Ă l'ennemi de demander aux civils plus que le nĂ©cessaire pour l'armĂ©e d'occupation. VoilĂ ! âVous parlez d'or, Hennedyck, mais qui vous l'assure, ce droit? Ce que nous ne voulons pas donner l'ennemi le prend. Van der Meersch,Invas. 14, 1935, Parler contre sa pensĂ©e. Parler autrement qu'on ne pense. xxes.. ⊠Parler en l'air. Parler avec lĂ©gĂšretĂ©, inconsidĂ©rĂ©ment ou sans disposer de certitudes suffisantes. Notre Ă©loquence a pris l'habitude de parler en l'air. On entend, dans tous nos discours, une voix qui s'enfle et qui se perd Joubert,PensĂ©es, 1824, ferai une oeuvre propre, parce qu'elle ne sera qu'accessoirement littĂ©raire. L'intĂ©rĂȘt de tous les hommes militera en ma faveur... mon livre aura un poids, une substance. Je ne parle pas en l'air J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, voulez-vous que je vienne? Pour la premiĂšre fois il parlait en l'air, n'ayant aucune idĂ©e de la maniĂšre de prendre une novice, une cliente qui n'avait mĂȘme pas l'idĂ©e de mentir, et de citer une ou deux fausses rĂ©fĂ©rences PeyrĂ©,Matterhorn, 1939, Vx. Parler Vaugelas, parler Voiture. S'exprimer avec puretĂ©, avec Ă©lĂ©gance, Ă la maniĂšre de Vaugelas, de Voiture. xxes.. â [Constr. avec un compl. prĂ©p., un adv. ou une expr. Ă valeur adv. prĂ©cisant les dispositions intellectuelles, morales, affectives du locuteur] Il est des entretiens oĂč l'Ăąme ni le corps n'ont de part. J'appelle ainsi ces conversations oĂč personne ne parle du fond de son coeur, ni du fond de son humeur Joubert,PensĂ©es, 1824, de ces coeurs endoloris qui prennent tout Ă faux et de travers, et avec lequel les explications ne raccommodent rien, parce qu'on ne se fait pas comprendre et qu'il y a des arriĂšre-pensĂ©es au fond de leurs aveux, et mĂȘme de leur pardon. Est-ce qu'entre femmes on se parle jamais avec une entiĂšre franchise? Amiel,Journal, 1866, Il parlait avec cette politesse insolente des gens qui, par le choix des mots, par leurs intonations, par tous leurs mouvements, laissent entendre qu'ils sont en train de perdre leur temps mais que, par malheur, ils n'ont prĂ©cisĂ©ment pas une minute Ă perdre. Duhamel,Suzanne, 1941, Parler crĂ»ment, doctoralement, Ă©tourdiment, prĂ©cieusement, raisonnablement, hardiment, sagement, sĂšchement, sĂ©rieusement, utilement, vertement; parler avec affectation, assurance, circonspection, confiance, conviction, passion, prĂ©tention; parler Ă contretemps, au hasard, Ă la lĂ©gĂšre; parler Ă coeur ouvert, Ă mots couverts; parler en connaissance de cause; parler en pesant ses mots, en plaisantant; parler Ă contretemps; parler hors de propos; parler par allusions, par sous-entendus; parler par expĂ©rience; parler sans fard, sans haine; parler pour plaisanter, pour rire; parler sans s'Ă©mouvoir, sans mĂ©nager ses termes; parler selon son coeur, selon sa conscience; parler sur un ton irritĂ©, hautain; parler sur un certain ton.⊠Parler en, en qualitĂ© de, en tant que + ne parle pas ici en directeur de conscience, notez-le. Je parle en homme, humainement Bernanos,Joie, 1929, jour, tu t'es fĂąchĂ©e de ce qu'il disait sur la politique. Je n'y entends pas grand-chose... pourtant il me semble qu'il parlait en homme de coeur Mauriac,Mal AimĂ©s, 1945, iii, 2, en maĂźtre. S'exprimer avec autoritĂ©. Le monde est ainsi fait, que tout homme qui parle en maĂźtre est presque sĂ»r d'ĂȘtre obĂ©i About,Roi mont., 1857, [Au part. prĂ©s., faisant fonction de gĂ©rondif, et prĂ©cĂ©dĂ© d'un adv. en -ment] En parlant, si on parle de telle ou telle maniĂšre; en se plaçant, si on se place Ă tel ou tel point de vue. Absolument, gĂ©nĂ©ralement, strictement parlant; financiĂšrement, littĂ©rairement parlant; militairement parlant; moralement parlant. Le public jugeant toujours les rĂ©sultats, Birotteau passa d'autant plus pour un homme supĂ©rieur, commercialement parlant, qu'il rĂ©digea lui-mĂȘme un prospectus dont la ridicule phrasĂ©ologie fut un Ă©lĂ©ment de succĂšs Balzac,C. Birotteau, 1837, les mots au lieu d'ĂȘtre pris uniquement pour ce qu'ils veulent dire grammaticalement parlant soient entendus sous leur angle sonore, soient perçus comme des mouvements Artaud,Théùtre et son double, 1938, [Ă l'inf. prĂ©cĂ©dĂ© de Ă ou pour et accompagnĂ© d'un adv.] Pour employer des termes de telle ou telle nature, pour s'exprimer de telle ou telle maniĂšre. Ă proprement parler; pour parler franchement. Je vous ai dit Gare les cĂŽtes»; mais, Ă franchement parler, je ne croyais pas que ça aille si mal Giono,Colline, 1929, Tous ces jeunes gens qui croient que tous les travaux formellement philosophiques amĂšnent un profit Ă l'espĂšce humaine, parce qu'on leur a persuadĂ© qu'il en va ainsi de toutes les tĂąches spirituelles. Avoir de bonnes intentions, c'est d'autre part, et pour parler gros, vouloir prĂ©cisĂ©ment ce profit. Nizan,Chiens garde, 1932, P. anal. Exprimer sa pensĂ©e par un moyen autre que la parole, que le langage articulĂ©. Parler des yeux, du regard; parler avec les mains; parler par signes. Si je ne peux pas parler haut et que je ne puisse pas non plus t'approcher, ma bergĂšre, nous n'avons pas de chances de nous entendre... alors, parlons par gestes!... CrĂ©mieux,OrphĂ©e, 1858, i, 4, a baissĂ© un peu le front, comme un bĂ©lier tĂȘtu, qui se butte. TantĂŽt faisant oui du menton, tantĂŽt secouant la tĂȘte pour nier, il n'a plus parlĂ© que par signes Genevoix,Raboliot, 1925, [P. mĂ©ton. du suj.] Ătre Ă©loquent, expressif, avoir une signification. Regards, yeux qui parlent. De ThĂ©rĂšse Ă ce moment, Jude n'apercevait que la main .... Il y a des mains qui parlent. AprĂšs avoir attirĂ© le regard de Jude, celle-ci le retint. Elle suggĂ©rait le dĂ©sir de la prendre pour y poser les lĂšvres EstauniĂ©,Vie secrĂšte, 1908, les dieux, les claires danseuses!... Leurs mains parlent, et leurs pieds semblent Ă©crire ValĂ©ry,Eupalinos, 1923, Les deux ou trois putes ... faisaient de l'oeil aux passants ... s'Ă©ventaient, faisaient de la retape avec leur Ă©ventail ... dĂ©roulaient leurs jalousies qui claquaient, zyeutaient encore Ă travers les lames en accordĂ©on, les yeux parlant dans la pĂ©nombre, passaient une main, faisaient du doigt un geste de racolage... Cendrars,Bourlinguer, 1948, En partic. α Exprimer, dĂ©velopper ses idĂ©es par Ă©crit. xxes..â [P. mĂ©ton., le suj. dĂ©signe un texte Ă©crit] Dans la rue, et en plein vingtiĂšme siĂšcle» comme parlent les gazettes Toulet,Nane, 1905, ÎČ Prononcer un discours en public; prendre la parole en public. Parler Ă la tribune, Ă la radio, devant un micro; parler face Ă la foule; parler ex cathedra; parler en public. N'ont-ils pas eu l'effronterie de vouloir parler au peuple du haut de l'Ă©chafaud; morbleu! comme on leur a vite coupĂ© la parole et la tĂȘte! Borel,Champavert, 1833, puis monter Ă la tribune dans une heure, et parler sans autres notes que ça... Romains,Hommes bonne vol., 1932, parler Ă la radio et quelquefois dans les meetings pour dĂ©noncer quelques abus, ça le satisfaisait pleinement Beauvoir,Mandarins, 1954, Parler d'abondance. V. abondance I B.⊠Parler pour, contre qqn/qqc., en faveur de qqn/ la parole pour dĂ©fendre, soutenir quelqu'un/quelque chose, combattre quelqu'un/quelque chose. Parler en faveur d'un accusĂ©. On ne peut ni parler contre le christianisme sans colĂšre, ni parler de lui sans amour Joubert,PensĂ©es, 1824, aurais-je pu parler en faveur d'une mesure sur laquelle je ne pouvais avoir d'idĂ©e arrĂȘtĂ©e? Chateaubr.,MĂ©m., 1848, parlons pour l'humanitĂ©, et c'est insulter la France de nier qu'en mĂȘme temps nous parlions pour la patrie Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Îł Ăchanger des propos, des idĂ©es; faire connaĂźtre son avis, donner son opinion. Parler chacun son tour. Nous revĂźnmes Ă Clochegourde en parlant Ă bĂątons rompus. Le comte se plaignait de douleurs vives sans les prĂ©ciser Balzac,Lys, 1836, parla le premier, puis il s'Ă©pongea le front et remit son feutre, comme un homme qui a rempli sa mission et dit ce qu'il avait Ă dire. Il fut alors bien Ă©vident que la princesse d'Ălide parlait Ă son tour Duhamel,Suzanne, 1941, Parlons peu, mais parlons bien. [Indique l'intention de rĂ©gler rapidement une affaire, de rĂ©soudre rapidement un problĂšme, de prendre des dĂ©cisions, des rĂ©solutions sĂ©rieuses] Et maintenant, oĂč en es-tu? parlons peu, parlons bien quelques semaines Ă tirer en prison, pas grand'chose. Fais-les, mon gars, et le plus vite possible, c'est un bon conseil que je te donne. Faut en sortir, je ne vois pas d'autre moyen Genevoix,Raboliot, 1925, JEUX DE CARTES. Faire une annonce, annoncer, dĂ©clarer son jeu. Ă vous de parler. â... Et puis, François, il y a toujours le poker... âUne culotte? âOui, hier soir... Un pot de cinq sacs... J'ouvre avec deux as, la derniĂšre Ă parler Vailland,DrĂŽle de jeu, 1945, ÎŽ Faire connaĂźtre sa volontĂ©, de maniĂšre Ă ĂȘtre obĂ©i. Parler en maĂźtre supra I A 2 a. N'avoir qu'Ă parler pour ĂȘtre obĂ©i. Que dois-je pour faire plaisir Ă ta sagesse? ... Parle, que puis-je? Verlaine,OEuvres compl., Invect., 1896, Δ Rompre le silence, bavarder; ne pas respecter une consigne de silence en s'adressant Ă quelqu'un. ĂlĂšve qui parle en classe. xxes..⊠RĂ©vĂ©ler un secret, rĂ©vĂ©ler ce qu'on aurait dĂ» taire. Synon. pop. accoucher, se mettre Ă table, vider son sous la menace, la torture; parler par Ă©tourderie. Saverny [Ă Marion] Je tiendrai secrĂštes vos paroles, Nous autres gens de cour, on nous croit tĂȘtes folles, MĂ©disants, curieux, indiscrets, brouillons; mais Nous bavardons toujours et ne parlons jamais Hugo,Marion Del., 1831, se mourait du regret d'avoir parlĂ©, aprĂšs avait failli mourir de ne point parler Boylesve,Leçon d'amour, 1902, L'Ă©tĂ© dernier, un grand chef de la RĂ©sistance ... a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et conduit Ă Fort-Montluc; les Ă©tats-majors rĂ©unis de toutes les organisations ont tout envisagĂ© pour le tirer de lĂ , les plus gros sacrifices d'argent, mĂȘme l'assaut Ă main armĂ©e ... il a fallu renoncer Ă tout, il est mort sous les coups sans avoir parlĂ©... Vailland,DrĂŽle de jeu, 1945, Faire parler quelqu'un par la violence ou la ruse Ă dire, avouer ce qu'il sait. Synon. fam. tirer les vers du vont essayer de me faire parler et vous savez ce que c'est que les prisons de maintenant. Si on me brutalise, je parlerai peut-ĂȘtre malgrĂ© moi AymĂ©,Uranus, 1948, as du culot, tu sais faire parler les gens, tu es dĂ©brouillarde Beauvoir,Mandarins, 1954, â Au fig. ou Qqc. parle1. a [Le suj. dĂ©signe des choses ou des abstractions considĂ©rĂ©es comme douĂ©es de lang., comme possĂ©dant une facultĂ© d'expression] S'exprimer par le moyen du langage. Laisser parler son coeur, son chagrin; la justice, la vĂ©ritĂ© parle par sa bouche. Mon Ăąme croit parler, ma langue embarrassĂ©e Frappe l'air de vingt sons, ombre de ma pensĂ©e Lamart.,MĂ©dit., 1820, Chardon ... tremblait que David n'eĂ»t raison, car il parlait comme elle entendait parler sa conscience de mĂšre Balzac,Illus. perdues, 1843, P. ext. α Avoir une signification, exprimer quelque chose. Ne me regardez plus que comme une espĂšce d'artiste, votre confrĂšre, qui n'a malheureusement pas comme vous, l'art d'animer le marbre, et de faire parler la pierre Chateaubr.,Corresp., 1805, qui danse et musique qui rĂȘve, toutes me parlent, me donnent une sensation A. Daudet,Trente ans Paris, 1888, Deux choses qu'on peut regarder indĂ©finiment le feu qui brĂ»le et la neige qui tombe. Il faut les regarder avec beaucoup de patience pour qu'ils se mettent Ă parler. Et que disent-ils? Je n'en sais rien, mais ils ont beaucoup Ă dire et ce qu'ils ont Ă dire est important. Green,Journal, 1956, ÎČ S'imposer avec force, commander. L'honneur parle, j'ai vu le devoir, il faut le suivre, et Ă l'instant Stendhal,Rouge et Noir, 1830, la voulait avant tout, l'adorable crĂ©ature; ce dĂ©sir exaspĂ©rĂ© parlait plus fort que les autres, dans ses sens enfiĂ©vrĂ©s, dans son imagination Ă©blouie par tout ce qu'il y avait de dĂ©lirant autour de cette image la belle, la noble, l'opulente princesse dans ses bras VogĂŒĂ©,Morts, 1899, En [Le suj. dĂ©signe un mot ou une expr.] Ătre particuliĂšrement Ă©vocateur ou chargĂ© de sens. LibertĂ© c'est un de ces dĂ©testables mots qui ont plus de valeur que de sens; qui chantent plus qu'ils ne parlent; qui demandent plus qu'ils ne rĂ©pondent; de ces mots qui ont fait tous les mĂ©tiers ValĂ©ry,Regards sur monde act., 1931, se montra ensuite fort prĂ©occupĂ© par l'adjectif superbe». Cela ne parlait pas, selon lui, et il cherchait le terme qui photographierait d'un seul coup la fastueuse jument qu'il imaginait Camus,Peste, 1947, [Le suj. dĂ©signe une note de mus. ou un instrument de mus.] Sonner, rĂ©sonner; rendre des sons particuliĂšrement Ă©vocateurs. [Mayer] ne savait guĂšre faire chanter la voix humaine, mais il faisait parler les instruments Stendhal,Rossini, 1823, chaque pierre vibra dans l'Ă©glise, mais sans changer de place. Les orgues parlĂšrent, et me firent entendre une harmonie divine Ă laquelle se mĂȘlĂšrent des voix d'anges Balzac, en Flandre, 1831, P. plaisant. Faire parler la poudre. Se battre, laisser la place aux armes. Quelque chose pourtant manquait au bonheur de Kadour. Il aurait voulu se battre, faire parler la poudre A. Daudet,Contes lundi, 1873, BĂ©douins du dĂ©sert, de tous cĂŽtĂ©s, parurent, Deux tribus, qui semblaient depuis longtemps dormir, Venaient de relever l'Ă©tendard de l'Ămir Et voulaient de nouveau faire parler la poudre CoppĂ©e,PoĂ©s., 1887, On relĂšve Ă©galement un empl. de parler avec un suj. dĂ©signant une arme Ă feu Pour trouver aujourd'hui des moeurs pareilles [Ă celles des Italiens au XIIIes.], il faudrait visiter les placers de San Francisco; lĂ , sur la premiĂšre provocation ... le revolver parle Taine, Voy. Ital., 1866, RĂ©gion. Canada. Ăa parle au diable, au maudit, au sorcier. ,,C'est stupĂ©fiant, ça me dĂ©passe, je n'aurais jamais cru ça`` Canada 1930. II. â Empl. trans. â Parler de qqn/ Qqn parle de qqn/ Prononcer des paroles, tenir des propos, des discours relatifs Ă quelqu'un, quelque chose. Parler de sa famille, de ses parents; parler d'un Ă©vĂ©nement; parler d'amour, de littĂ©rature; parler de banalitĂ©s, de niaiseries; parler de ses projets, de ses inquiĂ©tudes; parler de choses et d'autres; on ne parle que de çà . J'avais souvent entendu parler de ces femmes qui plongent leurs peines de coeur dans des flots d'encre, et versent sur le papier les trĂ©sors de puretĂ© et de grĂące que renferme leur imagination Reybaud,J. Paturot, 1842, colonel disait toujours Ma pauvre Ăźle,» en parlant de cette CrĂšte qu'il n'avait jamais vue VogĂŒĂ©,Morts, 1899, te dĂ©fends de parler de la jeune fille Bernanos,Joie, 1929, avez dĂ©jĂ entendu parler de l'hĂŽtel Terminus? âPourquoi? âLa Gestapo, mademoiselle, la Gestapo, ça ne vous dit rien? On vous y fait passer un interrogatoire bien senti... Triolet,Prem. accroc, 1945, Vouloir parler de. Faire allusion Ă . Ă cette notion du hasard s'en attache une autre qui est de grande consĂ©quence en thĂ©orie comme en pratique nous voulons parler de la notion de l'impossibilitĂ© physique Cournot,Fond. connaiss., 1851, possĂ©dons ... une expĂ©rience historique effrayante, relative Ă une grande transformation survenue en temps de dĂ©cadence Ă©conomique; je veux parler de la conquĂȘte chrĂ©tienne et de la chute de l'empire romain qui la suivit de prĂšs Sorel,RĂ©flex. violence, 1908, Ne pas parler de. Ne pas faire allusion Ă , passer sous silence, nĂ©gliger un aspect de la question, du sujet dont il est parlĂ©. Vous vous plaignez du gouvernement, continua ce jeune homme, ne parlons pas de l'Ă©tat des choses avant l'Ă©poque de sa naissance, et voyons ce qu'il a fait depuis ...» CrĂšvecoeur,Voyage, 1801, pourriez-vous pas aller comme de vous-mĂȘme remettre au geĂŽlier ce petit paquet qui contient quelques louis? ... Il faut surtout qu'il n'aille pas parler de cet envoi d'argent Stendhal,Rouge et Noir, 1830, En parlant de. S'agissant de. Mais en parlant de morale, comment ne rien dire des religions? Ce serait une affectation dĂ©placĂ©e elle ne tromperait personne Senancour,Obermann, 1840, C'Ă©tait un bonhomme que Philibert, et qui tenait bien sa place Ă la mairie... en parlant de mairie, Ă propos... HonorĂ© se mĂ©prit sur le sens de cet Ă propos... il prĂ©vint âJe t'ai dĂ©jĂ dit que je ne veux pas ĂȘtre maire ni seulement adjoint. C'est dĂ©jĂ trop d'ĂȘtre conseiller. AymĂ©,Jument, 1933, Sans parler de. IndĂ©pendamment de, sans tenir compte de. La force comique suppose un caractĂšre au moins insouciant; mais on auroit tort de pousser cette force jusqu'Ă braver la pitiĂ©; l'art mĂȘme en souffriroit, sans parler de la dĂ©licatesse StaĂ«l,Allemagne, 1810, y a lĂ deux femmes charmantes, sans parler de la maĂźtresse de la maison Bernstein,Secret, 1913, ii, 6, avez mis toute une brassĂ©e de bois vert sur le feu, vous allez complĂštement le tuer! sans parler de la fumĂ©e noire que ça fait Claudel,Soulier, 1944, 1repart., 2ejournĂ©e, 8, Iron. Parlons-en !. [Indique le peu de cas que le locuteur fait de qqn ou de qqc.] Ah! oui, parlons-en, de tes qualitĂ©s domestiques... CrĂ©mieux,OrphĂ©e, 1858, i, 5, pays n'est plus reconnaissable; la ville est maussade, et quant aux habitants, parlons-en! des gens vaniteux et mal Ă©levĂ©s Theuriet,Mariage GĂ©rard, 1875, l'amour c'est l'infini mis Ă la portĂ©e des caniches et j'ai ma dignitĂ© moi! que je lui rĂ©ponds. âParlons-en de toi! t'es un anarchiste et puis voilĂ tout! CĂ©line,Voyage, 1932, En parler bien Ă son aise. [Indique que le locuteur considĂšre que son interlocuteur parle de qqc. qui ne le concerne pas directement ou personnellement] C'est trop fort Ă la fin! Vous disposez de moi, lĂ ! Vous y allez...! Vous y allez !... Brusquement. Je ne me battrai pas! ... C'est vrai ça! L'Ă©pĂ©e; le pistolet!» Vous en parlez Ă votre aise!... Feydeau,Dame Maxim's, 1914, iii, 17, me reproche ma dĂ©marche oblique... Mais qui ne sait, lorsqu'on a vent contraire, que force est de tirer des bordĂ©es? Vous en parlez bien Ă votre aise, vous qui vous laissez porter par le vent Gide,Journal, 1946, Cela ne vaut pas, cela n'est pas la peine d'en parler. C'est une chose sans importance, insignifiante. âIl mange donc votre homme extraordinaire? âMa foi, s'il mange, c'est si peu, que ce n'est point la peine d'en parler Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, N'en parlons plus. [Indique un refus de la part du locuteur, la volontĂ© du locuteur de couper court Ă tout commentaire] Laissons cela; c'est une affaire entendue. Eh bien! me dit Brigitte, nous passerons la nuit ici; aussi bien, je suis fatiguĂ©e. Ce rocher est un lit un peu dur; nous en ferons un avec des feuilles sĂšches. Asseyons-nous et n'en parlons plus Musset,Confess. enf. s., 1836, bien donc, puisque c'est impossible, n'en parlons plus Fritz, 1864, l'imagination t'a perdu, c'est mon idĂ©e, tu ne m'enlĂšveras pas ça de la tĂȘte. Enfin, vrai ou pas vrai, je te pardonne, n'en parlons plus. âN'en parlons plus! bon Dieu de bon Dieu! mais puisque c'est d'en parler qui me fait du bien! Bernanos,M. Ouine, 1943, Parler de la pluie et du beau temps. Tenir des propos sans importance. Honorine Mais non, il ne me l'a pas dit, mais quand je le rencontre, il ne me dit plus rien. Claudine, mĂȘme jeu Il ne te parle plus? Honorine Il me parle de la pluie et du beau temps, mais de la petite plus un mot! Pagnol,Fanny, 1932, i, 2etabl., 3, parla de la pluie et du beau temps avec sa voix traĂźnante et monotone, poli, mais distrait Triolet,Prem. accroc, 1945, Fam. Tu parles, vous parlez de, d'une... [Marque la surprise l'irritation, l'admiration du locuteur] â... Dis donc, t'as entendu, c'te nuit, l'attaque? Mon vieux, tu parles d'un bombardement qu'ils ont balancĂ©. Quelque chose de soignĂ© comme dĂ©coction! Barbusse,Feu, 1916, malheureux de voir un tacot pareil! de Bayonne ici, quatre heures, quatre et deux font six. Six heures pour 180 kilomĂštres, vous parlez d'une moyenne! les gars du tour de France font mieux... Bernanos,Crime, 1935, parles, vous parlez si..., comme... Tu penses bien, vous pensez bien que. ... Vous pouvez vous mettre en grĂšve j'ai de l'argent, je prendrai des mois de vacances que j'irai passer sur la CĂŽte d'Azur.» Tu parles s'ils en ont fait une, de bouille! Aragon,Beaux quart., 1936, parlez s'il a encore Ă©tĂ© question de la relĂšve! Ah! nom de Dieu de nom de Dieu! On n'a pas idĂ©e d'ĂȘtre dĂ©veinards Ă ce point-lĂ ! Romains,Hommes bonne vol., 1938, [Marque l'incrĂ©dulitĂ©, le dĂ©saccord, la rĂ©probation du locuteur] Pour Heredia, je suis un paresseux. Tu parles! ValĂ©ry,Corresp.[avec Gide], 1899, eut le sentiment qu'il avait encore bien des choses Ă apprendre. De ce jour, clama-t-il, magnifiquement, selon les habitudes de son gĂ©nie, commence une Ă©poque nouvelle!» Tu parles! par la suite, comme le systĂšme Ă©tait excellent, on se mit Ă fabriquer des hĂ©ros en sĂ©rie, et qui coĂ»tĂšrent de moins en moins cher, Ă cause du perfectionnement du systĂšme CĂ©line, l'approbation du locuteur, le fait qu'il renchĂ©rit sur ce qui vient d'ĂȘtre dit] âDans les premiers temps, c'Ă©tait franc, mon vieux. Y en avait, j'l'ai vu, qui collaient leurs musettes et mĂȘme leur armoire dans une voiture de gosse qu'i's poussaient sur la route. âAh! tu parles! c'Ă©tait l'bon temps d'la guerre! Mais on a changĂ© tout ça Barbusse,Feu, 1916, Proverbes. Il ne faut pas parler de la corde dans la maison d'un pendu. V. corde II A on parle du loup*, on en voit la queue. â En partic. Faire un exposĂ©, un cours, une confĂ©rence sur quelqu'un, quelque chose. M. d'Arlincourt ... venait demander Ă Michaud d'en parler [de son dernier ouvrage] de maniĂšre Ă faire sentir au public tout ce qu'il y avait de profond, de dĂ©licat dans cette conception Delacroix,Journal, 1854, P. ext. S'exprimer par Ă©crit sur tel ou tel sujet, traiter une question par Ă©crit. Un article oĂč l'on parle de littĂ©rature. Vous oubliez donc le passage oĂč Pline L'Ancien parle de la bibliothĂšque de Carthage et des trĂ©sors qui y Ă©taient entassĂ©s? Benoit,Atlant., 1919, juillet, dans une lettre Ă l'archiduc il parle de l'Ă©tat de sa poitrine Brustzustand, qui ne s'amĂ©liore pas, malgrĂ© les soins mĂ©dicaux Rolland,Beethoven, 1937, Bergson parle du singulier obstacle qu'opposent au poĂšte les mots, oĂč s'Ă©vanouit sans recours l'essentiel de la pensĂ©e Paulhan,Fleurs Tarbes, 1941, [P. mĂ©ton., le suj. dĂ©signe un Ă©crit] Traiter de, avoir pour sujet. De quoi çà parle fam.. Il est vrai que le texte parle d'un homme, et non d'un autre mammifĂšre MĂ©nard,RĂȘv. paĂŻen, 1876, journaux parlaient souvent d'une dette qui Ă©tait due Ă la sociĂ©tĂ©. Il fallait, selon eux, la payer Camus,Ătranger, 1942, [Empl. laudativement ou pĂ©jorativement] Tenir des propos, faire des commentaires favorables ou dĂ©favorables sur quelqu'un ou quelque chose. Des gens dont on parle; parler en bien de qqn; parler mal de qqn. Cette annĂ©e-lĂ , le milieu du salon carrĂ© Ă©tait occupĂ© par un gigantesque chameau, produit d'un artiste cĂ©lĂšbre dans l'Ă©cole coloriste et modĂ©rĂ©ment chevelue. Tout le monde parlait de ce chameau, s'extasiait sur ce chameau Reybaud,J. Paturot, 1842, dame, se dĂ©tachant du groupe, vint Ă nous et ma mĂšre me dit rapidement âC'est madame de Chambrun!... sois polie... j'avais beaucoup entendu parler de la comtesse de Chambrun, et je la regardais avec une curiositĂ© amusĂ©e Gyp,Souv. pte fille, 1928, pense Il a donc remportĂ© un succĂšs, on parle donc beaucoup de son oeuvre en ce moment?» Larbaud,Journal, 1934, Faire parler de soi. Se faire remarquer en bien ou en mal. Avant tout, ne dois-je pas faire parler de moi pour arriver? Balzac,C. Birotteau, 1837, le plus insignifiant et le plus bornĂ© des princes de la famille impĂ©riale. Avec cela vaniteux au possible; il se met partout en avant et veut absolument faire parler de lui BarrĂšs,Cahiers, 1917, lui parlais des ravages faits chez les artistes de vocation imparfaite par le besoin de vivre hors d'eux-mĂȘmes», dans l'opinion du public, âd'oĂč manie de faire parler de soi, d'attirer les regards, âd'oĂč l'oeuvre faussĂ©e en vue de ce rĂ©sultat Larbaud,Journal, 1934, partic., pĂ©j. Personne qui fait beaucoup parler d'elle. Personne dont on dit beaucoup de mal notamment Ă propos de sa vie privĂ©e. Une malheureuse femme, habitant une ville de France au-dessous de vingt mille Ăąmes, et qui a fait parler d'elle ... n'est plus engagĂ©e Ă aucun des bals qui se donnent dans sa petite ville Stendhal,Corresp., 1832, Faire parler d'elle», cette expression qui dans tous les mondes est appliquĂ©e Ă une femme qui a un amant, pouvait l'ĂȘtre dans le Faubourg St-Germain Ă celles qui publient des livres, dans la bourgeoisie de Combray Ă celles qui font des mariages, dans un sens ou dans l'autre disproportionnĂ©s». Proust,Temps retr., 1922, Entendre parler de qqn, de qqc.; ne pas vouloir en entendre parler. V. entendre I A 2 a.⊠Il en sera parlĂ©, on en entendra parler; croyez-moi, on en parlera. Cela fera du bruit. ⊠On en parle. Cela fait du bruit; pĂ©j., cela fait du scandale. Qui donc m'empĂȘcherait d'envoyer au journal une petite note lĂ -dessus? eh! mon dieu! un article circule..., on en parle..., cela finit par faire la boule de neige! Flaub.,MmeBovary, 1857, Parler de + subst. sans art..Employer tel ou tel terme, telle ou telle notion. Quand je parle d'antiquitĂ©, j'entends la sainte antiquitĂ©, car il y en eut une malade et dĂ©lirante Joubert,PensĂ©es, 1824, parle sans cesse de libertĂ©, de droit de rĂ©union, de droit d'association. Rien de mieux, si les intelligences Ă©taient dans l'Ă©tat normal Renan,Avenir sc., 1890, Quand je parle d'hallucinations, il ne faut pas prendre le mot dans son sens le plus strict. Une nuance trĂšs-importante distingue l'hallucination pure, telle que les mĂ©decins ont souvent occasion de l'Ă©tudier, de l'hallucination ou plutĂŽt de la mĂ©prise des sens dans l'Ă©tat mental occasionnĂ© par le haschisch. Baudel.,Paradis artif., 1860, Parler de + inf./subst. sans art..Annoncer, d'une maniĂšre plus ou moins prĂ©cise ou vague, l'intention, la possibilitĂ© de faire quelque chose, d'agir d'une certaine façon. Parler de partir, de voyager; parler de mariage, de se marier. Dans cette querelle, le premier mouvement de Fabrice fut tout Ă fait du XVIesiĂšcle au lieu de parler de duel au jeune genevois, il tira son poignard et se jeta sur lui pour l'en percer Stendhal,Chartreuse, 1839, revenez-vous? voilĂ ce que j'ai cherchĂ© dans votre Ă©pĂźtre. Mais vous ne parlez pas de retour Flaub.,Corresp., 1872, Qqc. parle de qqn/ [Le suj. dĂ©signe une partie du corps, le regard] Exprimer quelque chose. Il est vrai que les yeux d'Ămile Ă©taient fort Ă©loquents ... habituĂ©s Ă parler d'amour, ils s'exprimaient si bien, qu'en peu de temps il fallait leur rĂ©pondre ou cesser de les regarder Kock,Zizine, 1836, [Le suj. dĂ©signe une rĂ©alitĂ© matĂ©rielle] Signifier quelque chose, Ă©voquer quelque chose ou quelqu'un. Ce pont abattu, les piles Ă©croulĂ©es s'entassant des deux cĂŽtĂ©s en monceaux de pierres blanches, les cordages de fer trempant dans l'eau, tout cela faisait sur l'horizon comme une grande dĂ©chirure qui parlait d'invasion A. Daudet,R. Helmont, 1874, revis la grande cour sĂšche, le prĂ©au, la classe vide... tout parlait du grand Meaulnes. Tout Ă©tait rempli des souvenirs de notre adolescence dĂ©jĂ finie Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, ... de tous cĂŽtĂ©s je vois des collines d'inĂ©gales hauteurs couvertes de bouquets d'arbres plantĂ©s par le hasard, et que la main de l'homme n'a point encore gĂątĂ©s et forcĂ©s Ă rendre du revenu .... Tout est noble et tendre, tout parle d'amour, rien ne rappelle les laideurs de la civilisation. Stendhal,Chartreuse, 1839, â Parler Ă /avec qqn/ Qqn parle Ă /avec qqn/ Converser, s'entretenir avec quelqu'un. Synon. causer pop. et fam., deviser littĂ©r., dialoguer, longuement Ă , avec qqn.; on vous parle au tĂ©lĂ©phone. Le mardi, vers les dix heures, la jolie Sara s'en retourna chez sa maĂźtresse. AprĂšs son dĂ©part, la mĂšre monta chez moi. J'ai Ă vous parler, » me dit-elle Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, avait osĂ© parler librement Ă HonorĂ©, il lui aurait dit que des enfants de bonne famille ne jouent pas Ă s'entre-regarder l'intĂ©rieur des cuisses, comme faisaient Gustave et Clotilde AymĂ©,Jument, 1933, ... tout cela ne faisait que rendre plus nĂ©cessaire de parler enfin sĂ©rieusement Ă Albertine afin de ne pas agir indĂ©licatement, et puisque j'Ă©tais dĂ©cidĂ© Ă me consacrer Ă son amie, il fallait qu'elle sĂ»t bien, elle, Albertine, que je ne l'aimais pas. Proust,Sodome, 1922, Adresser la parole Ă quelqu'un. Parler Ă un inconnu, Ă un passant; parler Ă l'oreille de qqn; rĂ©pondez quand on vous parle; Ă qui voulez-vous parler?; parler Ă la cantonade; parler sans ambages Ă qqn; parler d'homme Ă homme Ă qqn v. homme II A 1 d. Je dis, d'un ton trĂšs sec, et, en mĂȘme temps, trĂšs noble âMonsieur se trompe... monsieur croit parler Ă ses autres femmes de chambre Mirbeau,Journal femme ch., 1900, ne sourit qu'Ă son pĂšre. De tous les hommes qui sont Ă la Rocca, il n'y a que lui devant lequel son visage rayonne. C'est que, lui, il sait parler aux enfants, comme il sait parler au petit peuple, comme il sait parler aux bĂȘtes... Montherl., Malatesta, 1946, iv, 5, ... il sortait tous les matins, cachant, sous son impermĂ©able jetĂ© sur le bras, sa boĂźte de couleurs il s'agissait de sortir de la pension sans que personne ne lui ait dit, avec ce sourire que les gens prennent pour parler aux amoureux, aux enfants et aux simples d'esprit Alors, Monsieur Slavsky, vous partez faire du paysage?» comme ils diraient Allez, allez, bĂ©cotez-vous, c'est de votre Ăąge!» ou encore Allez jouer, c'est un passe-temps pas mĂ©chant, amusez-vous...» Triolet,Prem. accroc, 1945, Ă qui croyez-vous parler? Savez-vous Ă qui vous parlez? Apprenez Ă qui vous parlez. [Rappel adressĂ© Ă un locuteur oubliant la dĂ©fĂ©rence due Ă la personne Ă laquelle il s'adresse] Allez, monsieur, rien ne peut vous justifier d'une semblable injustice... Ce que vous venez de faire est affreux. Dufour Songez-vous Ă qui vous parlez?... Guilbert de PixĂ©r.,Coelina, 1801, ii, 8, vous dis qu'il me manque vingt francs, m'sieu!... âM'sieu!... âAprĂšs?... m'sieu!... âApprenez Ă qui vous parlez, m'sieu! âJe ne demande pas mieux, m'sieu! âJe suis le prince GrĂ©gory du MontĂ©nĂ©gro, m'sieu!... A. Daudet,Tartarin de T., 1872, Moi qui vous te parle. [Introd. un rĂ©cit Ă la 1repers. en insistant sur la valeur, le poids du tĂ©moignage] Je te raconterai, si tu veux, comment, moi qui te parle, j'ai sauvĂ© un chef français Benoit,Atlant., 1919, qui vous parle, j'ai connu, peu s'en faut, les bruits et les embarras de Paris, tels que Boileau les dĂ©crivait, vers 1660, dans son grenier du palais A. France,Vie fleur, 1922, redevint bonne, ronde, humble devant l'ordinaire de sa vie ... j'ai vu, me contait-elle, moi qui te parle, j'ai vu neiger au mois de juillet Colette,Sido, 1929, Ne plus parler Ă qqn. Ătre brouillĂ© avec quelqu'un, avoir cessĂ© toute relation avec quelqu'un. Synon. ne plus adresser la parole* Ă ne lui parle plus. ⊠Trouver Ă qui parler. Trouver quelqu'un capable de rĂ©pondre aux propos tenus, quelqu'un de compĂ©tent dans le domaine dont il est parlĂ©16. âOui, mais Monsieur le comte de Fontaine et sa famille. Hein! celui-lĂ venait sous son nom de Grand-Jacques ... et Monsieur de La BillardiĂšre, qui s'appelait le Nantais, Ă la reine des roses, avant la grande affaire du treize vendĂ©miaire. C'Ă©tait alors des poignĂ©es de main! ... âMets-le, dit Constance. Si Monsieur de La BillardiĂšre et son fils viennent, il faut qu'ils trouvent Ă qui parler. Balzac,C. Birotteau, 1837, partic. Trouver un interlocuteur sachant particuliĂšrement tenir tĂȘte, rĂ©pliquer. Elle ajouta, au bout d'un instant Il n'avait pas l'air commode.» Non! les rouspĂ©teurs devaient trouver Ă qui parler.» La phrase m'Ă©tait adressĂ©e Sartre,NausĂ©e, 1938, un adversaire particuliĂšrement combatif. Maxence avait donc en face un ennemi redoutable; il trouvait, selon le mot du pays, Ă qui parler Balzac,Rabouilleuse, 1842, disent que le boche s'est dĂ©chaĂźnĂ© sur Verdun avec une artillerie infernale ... qu'il a cru tout casser, tout briser, tout tuer et s'avancer l'arme Ă la bretelle sur un terrain nettoyĂ©, qu'il a trouvĂ© Ă qui parler au lieu des morts qu'il pensait fouler Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, Trouver Ă qui parler peut indiquer une mise en garde ou une menace Daisy Le voici, monsieur l'inspecteur. L'inspecteur Voici qui? Daisy Le spectre! ... L'inspecteur Il va trouver Ă qui parler c'est quelque complice d'Isabelle qui me prend pour un imbĂ©cile! Giraudoux, Intermezzo, 1933, III, 1, Au fig. ou Parler Ă un mur v. mur D 3, parler aux rochers v. rocher1, parler Ă une souche*, Ă un sourd*. â Parler Ă son bonnet*. â Empl. pronom.⊠rĂ©fl. Se parler Ă soi-mĂȘme. Elle se parlait Ă elle-mĂȘme; elle rĂ©pĂ©ta plusieurs fois d'une voix blanche âCela me rappelle quelque chose, mais quoi? Bernanos,Soleil Satan, 1926, ne lui aurai pas appris ma langue, je ne serai pas parvenu Ă la toucher avec les mots que j'emploie pour me parler Ă moi-mĂȘme J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, rĂ©ciproque. Avoir l'occasion de se parler. Dans la loge, ils ne pourraient se parler, alors que le lendemain mĂȘme, aux pĂąturages du duc, ce serait une libertĂ© complĂšte Montherl.,Bestiaires, 1926, se parlait Ă peine, Ă voix basse, crainte du surveillant gĂ©nĂ©ral, de tout l'espionnage des copains Aragon,Beaux quart., 1936, plus se parler. Ătre brouillĂ©s. Bien souvent, l'intĂ©rĂȘt a divisĂ© les frĂšres; on ne se parlait plus MĂ©nard,RĂȘv. paĂŻen, 1876, les derniers temps, le mĂ©nage ne se parlait plus Goncourt,Journal, 1894, En partic. S'adresser Ă un groupe de personnes, Ă un auditoire. Lamartine disait Ă Royer-Collard Je veux parler Ă la masse du pays, je veux parler par la fenĂȘtre.» BarrĂšs,Cahiers, 1906, sans rĂ©elle valeur personnelle, ne serait qu'un jouet entre les mains d'un savant Ă©tat-major ... mais ce concile aurait besoin de lui ... lui seul sachant parler au peuple et l'Ă©mouvoir Gide,Journal, 1943, [P. mĂ©ton. du compl. prĂ©p.; le compl. prĂ©p. dĂ©signe un sens, un sentiment] S'adresser plus particuliĂšrement Ă tel sens ou tel sentiment. [Pelletan] me rĂ©pond, avec cette belle tĂȘte qu'il avait, car il ressemble maintenant Ă MĂ©phistophĂ©lĂšs Il faut toujours parler Ă la haine, on est toujours sĂ»r d'ĂȘtre entendu.» Goncourt,Journal, 1860, n'ai rien Ă faire de ma raison aussitĂŽt que cette femme parle Ă mon coeur J. Bousquet,Trad. du sil., 1935, On relĂšve qq. empl. oĂč parler est constr. avec un compl. dĂ©signant un animal. Parler Ă son chat, Ă un cheval. Entendant la tousserie matinale de Nanon, et la bonne fille allant, venant, balayant la salle, allumant son feu, enchaĂźnant le chien et parlant Ă ses bĂȘtes dans l'Ă©curie Balzac, E. Grandet, 1834, De notre jardin, nous entendions, au sud, Miton Ă©ternuer en bĂȘchant et parler Ă son chien blanc dont il teignait, au 14 juillet, la tĂȘte en bleu et l'arriĂšre-train en rouge Colette, Sido, 1929, P. ext. S'adresser, exprimer sa pensĂ©e Ă quelqu'un en utilisant un moyen autre que la parole, que le langage articulĂ©. Olympia ne disait rien, mais elle parlait Ă son jeune voisin avec les yeux, avec les pieds, avec les genoux, et cette conversation en valait bien une autre Kock,Compagnons Truffe, 1861, [P. mĂ©ton. du suj.] Blanche [Ă dame BĂ©rarde] ... Du jour oĂč son regard Ă mon regard parla, Le reste n'est plus rien, je le vois toujours lĂ Hugo,Roi s'amuse, 1832, En partic. [Le suj. dĂ©signe un texte Ă©crit] Ce journal qui parle surtout aux passions a cela de bon qu'il rĂ©pand les doctrines de la libertĂ© chez des gens qui ne comprennent que par les sens et les passions DelĂ©cluze,Journal, 1827, ne devrait jamais oublier le rĂŽle que peut jouer le livre qu'on Ă©crit. Parle-t-il comme il doit Ă l'inconnu qui l'attend? Green,Journal, 1945, Au fig. ou Qqc. parle Ă qqn/ quelque chose Ă quelqu'un, toucher, Ă©mouvoir quelqu'un. La gravitĂ© qui remplaçait dans la figure de sa soeur la complĂšte innocence qu'il y avait vue Ă son dĂ©part pour Paris, parlait trop Ă©loquemment Ă Lucien pour qu'il n'en reçût pas une impression douloureuse Balzac,Illus. perdues, 1843, femmes] demeurent toujours incapables de comprendre les grands vins, qui parlent seulement au palais des hommes, car le vin parle Maupass.,Notre coeur, 1890, ... tout ce qui aura eu du prix pour les ĂȘtres de ma race une vie recueillie dans une maison ancienne oĂč ont vĂ©cu avant nous ceux dont nous sommes issus et que nous avons aimĂ©s, et d'oĂč ils souhaitent de s'Ă©loigner le moins possible, car c'est lĂ et nulle part ailleurs qu'ils communient Ă la terre et que les constellations leur sont familiĂšres, et que le vent dans les branches leur parle avec une voix humaine. Mauriac,Nouv. Bloc-Notes, 1961, [P. mĂ©ton. du compl. prĂ©p.; le compl. prĂ©p. dĂ©signe un sens, une facultĂ©] Faire une forte impression sur. Les femmes aiment la musique parce qu'elle parle aux sens ChĂȘnedollĂ©,Journal, 1811, peut-ĂȘtre la nouvelle de ce dĂ©part qui a parlĂ© Ă la petite imagination de Mademoiselle Claudel,PĂšre humil., 1920, iii, 1, ... il y avait un spectacle qui parlait plus vivement Ă l'Ăąme de Fabrice du clocher, ses regards plongeaient sur les deux branches du lac Ă une distance de plusieurs lieues, et cette vue sublime lui fit bientĂŽt oublier toutes les autres; elle rĂ©veillait chez lui les sentiments les plus Ă©levĂ©s. Stendhal,Chartreuse, 1839, En partic. [Le suj. dĂ©signe un mot ou une expr.] Montesquieu, dans les Lettres persanes, est plein de ces expressions neuves et vives, qui parlent Ă l'imagination, et qui se font applaudir et accepter Sainte-Beuve,Caus. lundi, 1854, â Parler de qqn/qqc. Ă /avec qqn1. Qqn parle de qqn/qqc. Ă /avec un entretien, une conversation avec quelqu'un sur tel sujet ou sur telle personne. Le chef de bureau, M. Reffre, homme sage Ă cheveux blancs, consommĂ© dans les affaires, lui dit, mĂȘme avant de parler de la mort du chef âMonsieur, j'ai Ă vous parler de vos affaires; mais s'il vous plaĂźt, nous passerons dans votre chambre Stendhal,L. Leuwen, 1836, pas me parler de ces deux femmes, qui doivent, en ce moment, coudre cĂŽte Ă cĂŽte, dans la salle Ă manger. Que pensent-elles? Que disent-elles? Ne m'en parlez pas je n'y ai que trop songĂ© depuis trois jours Duhamel,Confess. min., 1920, lui parlais d'amour, elle me parlait de ses devoirs; Ă mes lettres brĂ»lantes jamais elle ne rĂ©pondit J. Bousquet,Trad. du sil., 1936, Parle-moi de, parlez-moi de qqn/qqc.[Indique l'excellence en laquelle le locuteur tient une chose ou une pers.] Parlez-moi de ça, de cela. Dix-sept heures et demie de sommeil!... c'est magnifique!... parlez-moi des enfants Ă©levĂ©s en province!... Ă la bonne heure!... ça mange, ça dort... c'est bĂąti Ă chaux et Ă sable!... ça n'est pas nerveux... Gyp,Souv. pte fille, 1928, recommençait de rĂȘver tout haut âParlez-moi de l'Asie, disait-il. Les fleuves y sont si longs, ils traversent tant de peuples qu'ils changent trente fois de noms avant d'arriver Ă la mer Duhamel,Suzanne, 1941, Ne me parle/parlez pas/plus de qqn/qqc.[Indique l'agacement du locuteur, son mĂ©pris, son refus de prendre en considĂ©ration qqc.] De grĂące, ne me parlez plus de ces gens-lĂ c'est bien assez de voir le juge et l'avocat Stendhal,Rouge et Noir, 1830, tenez, ajouta le comte d'un ton mĂ©prisant, ne me parlez pas des europĂ©ens pour les supplices, ils n'y entendent rien et en sont vĂ©ritablement Ă l'enfance ou plutĂŽt Ă la vieillesse de la cruautĂ© Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, me sentais traquĂ©e ... son intonation admirative me faisait brusquement peur. âAllez-y si vous voulez, mais ne me parlez plus de tout ça, par pitiĂ©! Sagan,Bonjour tristesse, 1956, m'en parle/parlez plus! Rouquerolle Tiens, vous avez des loups? Fourchevif Ne m'en parlez pas! L'hiver dernier, ils ont mangĂ© seize moutons Labiche,Fourchevif, 1859, c'est un grand dĂ©jeuner? âOh! Monsieur Jacques, ne m'en parlez pas, voyez-vous. Je ne tiens plus debout Miomandre,Ăcrit sur eau, 1908, Empl. pronom.⊠rĂ©fl. Gilbert aurait mieux fait de quitter la ferme. Il s'en Ă©tait parlĂ© Ă lui-mĂȘme, deux ou trois fois. Mais la volontĂ© lui avait manquĂ© R. Bazin,BlĂ©, 1907, rĂ©ciproque. Elle avait vu PoĂ«ri et la jeune israĂ©lite assis l'un prĂšs de l'autre et les mains enlacĂ©es, se parlant d'amour Gautier,Rom. momie, 1858, peut-ĂȘtre un ami Ă eux... ils doivent se parler de la mĂšre CĂ©line,Voyage, 1932, Qqc. parle de qqn/qqc. Ă Dans le silence des ruraux, nous Ă©coutons un long cri contenu qui est celui des coeurs sĂ©parĂ©s et qui nous parle de la mer sous le soleil de midi, de l'odeur des roseaux dans le soir, des bras frais de nos femmes Camus,Ătat de siĂšge, 1948, 2epart., J'entends dans la rue un cornet Ă bouquin. C'Ă©tait une musique pour moi, il y a bientĂŽt quatorze ans, une musique qui me parlait de bal masquĂ©, qui me mettait dans les jambes des dĂ©mangeaisons de danse furibonde, de nuits de gymnastique. Aujourd'hui, il me semble un bruit mort, Ă©trange, qui ne me parle plus de rien. Goncourt,Journal, 1861, [P. mĂ©ton. du compl. prĂ©p.; le compl. prĂ©p. dĂ©signe un sens, une facultĂ©] Il sait encore tirer de cette vĂ©ritĂ© et de cette harmonie combinĂ©es un chant de splendeur et de mĂ©lancolie la splendeur y parle Ă l'esprit du rĂšgne classique de la raison; la mĂ©lancolie chuchote au coeur la fuite irrĂ©mĂ©diable et romantique des instants prĂ©cairement intenses Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, â Empl. â Qqn parle a [Le compl. dĂ©signe une lang.] Employer telle ou telle langue pour s'exprimer. Parler argot, parler l'anglais; parler plusieurs langues. Un enfant, avant d'entendre et de parler la langue de ses pĂšres, a sans doute des signes particuliers qui lui servent Ă se reprĂ©senter les objets de ses besoins, de ses plaisirs, de ses douleurs; il a sa langue Cabanis,Rapp. phys. et mor., 1808, ĂȘtes de la cour, et parlez comme vous voulez, avec pleine licence et libertĂ© entiĂšre. Nous, gens de village, sommes tenus de parler français, pour n'ĂȘtre point repris Courier,Pamphlets pol., Au rĂ©d. La Quotidienne, 1823, 1. Lorsque le compl. dĂ©signe une lang. dĂ©terminĂ©e, l'art. peut ĂȘtre supprimĂ© supra ex.. 2. On relĂšve la constr. qqn parle qqc. Ă qqn. Je parle au peuple la langue du peuple!... Sardou, Rabagas, 1872, ii, 5, Les femmes savent parler aux enfants la seule langue qu'ils puissent comprendre MĂ©nard, RĂȘv. paĂŻen, 1876, Empl. pronom. Ă sens passif. [Le suj. dĂ©signe une lang. donnĂ©e] Ătre parlĂ©. Le français se parle. xxes.. â En partic. Savoir telle ou telle langue, pouvoir s'exprimer en telle ou telle langue. Le marquis mourrait de chagrin et d'ennui s'il Ă©tait une journĂ©e sans le voir, d'autant que Stephen sait Ă peu prĂšs le français et que lui ne parle pas un mot d'allemand Karr,Sous tilleuls, 1832, pouvons parler plusieurs langues, mais l'une d'elle reste toujours celle dans laquelle nous vivons. Pour assimiler complĂštement une langue, il faudrait assumer le monde qu'elle exprime et l'on n'appartient jamais Ă deux mondes Ă la fois Merleau-Ponty,PhĂ©nomĂ©nol. perception, 1945, Au fig.⊠Parler chinois. V. chinois II B 4 a.⊠Parler français. S'exprimer de façon comprĂ©hensible, claire; s'exprimer correctement. J'avais cru que cinquante annĂ©es de classe vous ĂŽteraient cette odieuse manie de latinitĂ©, qui vous rend insupportable. Ne sauriez-vous laisser lĂ ces sottises, et parler français comme tout le monde? Toepffer,Nouv. genev., 1839, bien! c'est entendu, Gabrielle, vous serez Esther... Je demande âC'est-y des tableaux vivants?... âParlez donc français âdit Madame Garabis agacĂ©e â... Gyp,Souv. pte fille, 1928, fam. Parler le français comme une vache espagnole. V. espagnol A expr.⊠Parler hĂ©breu. V. hĂ©breu B 1.⊠Parler le mĂȘme langage. Se comprendre, envisager les choses du mĂȘme point de vue. Je vois dĂšs les premiers mots que nous ne parlons pas la mĂȘme langue, puisque je parlais de noms de l'aristocratie et que vous me citez les plus obscurs des noms des gens de robe, de petits roturiers retors Proust,Prisonn., 1922, Parler le langage + adj. ou compl. prĂ©p. de. S'exprimer, considĂ©rer les choses d'une certaine façon. Parler le langage de l'amour, de la raison infra 2 b ex. de Renan. Si l'on veut parler un langage physiologique, il n'y a pas de raison que les liaisons de l'Ă©corce aux centres sous-corticaux, cĂ©rĂ©belleux et bulbaires soient Ă sens unique Mounier,TraitĂ© caract., 1946, P. ext. [Le compl. dĂ©signe un lang. autre que le lang. articulĂ©] Parler le langage des sourds, des fleurs, de la musique. Comme des sourds-muets parlant dans une gare Leur langage tragique au coeur noir du vacarme Les amants sĂ©parĂ©s font des gestes hagards Aragon,CrĂšve-coeur, 1941, P. anal. Je veux que chacun des arts parle le langage qui lui est propre, au lieu de bĂ©gayer dans une langue Ă©trangĂšre Alain,Propos, 1921, [P. oppos. Ă chanter ou dĂ©clamer] Dire sur le ton de l'Ă©locution, sur le ton de la parole. Car aprĂšs avoir presque parlé» Les escargots, ils sont frais, ils sont beaux», c'Ă©tait avec la tristesse et le vague de Maeterlinck, musicalement transposĂ©s par Debussy, que le marchand d'escargots ... ajoutait avec une chantante mĂ©lancolie On les vend six sous la douzaine...» Proust,Prisonn., 1922, a [Constr. avec un compl. sans art. dĂ©signant ce dont les locuteurs parlent] Avoir une conversation, Ă©changer des propos sur tel ou tel sujet, s'entretenir de. Parler affaires, chiffons*; parler boutique*. Ce trĂšs aimable docteur Martin est vraiment un dĂ©licat. Je l'ai entendu parler femmes, bouquins, cuisine, et la maniĂšre dont il en parle ne peut laisser un doute sur cette qualitĂ© distinguĂ©e de l'homme Goncourt,Journal, 1894, Dufy est en train d'illustrer sa Terre, âqui est vraiment sa terre au sens campagnard et noble du mot. Ainsi nous avons Ă©tĂ© amenĂ©s Ă parler campagne, fermiers, tracteurs, etc. Larbaud,Journal, 1931, parlons pas haine, parlons politique. Le pape mort, savez-vous qui lui succĂ©dera? Montherl.,Malatesta, 1946, i, 8, [Le compl. indique le point de vue auquel le locuteur se place pour parler] Parler en termes de, le langage de. Parler honneur. Elle se renversa sur un canapĂ© en Ă©clatant de rire Ă sa traduction. Monsieur, quand cette fille-lĂ riait, il n'y avait pas moyen de parler raison. Tout le monde riait avec elle MĂ©rimĂ©e,Carmen, 1845, vaudrait-il pas mieux chercher Ă parler raison et enseigner Ă tous Ă parler et Ă comprendre ce langage? Renan,Avenir sc., 1890, â P. anal. Qqc. parle qqc.[Le compl. dĂ©signe un lang. autre que le lang. articulĂ©] Signifier, manifester quelque chose en utilisant un langage particulier. Les Ă©toffes parlent une langue muette, comme les fleurs Baudel.,PoĂšmes prose, 1867, blanc du papier qui parle le langage du dessin Alain,Beaux-arts, 1920, entendait ... les feuillages qui parlaient la langue des arbres Giono,Que ma joie demeure, 1935, ciel Ă©tait d'un bleu profond et les Ă©toiles parlaient ce langage que les mots ne peuvent rendre, mais qui me troublera toujours, parce qu'il s'adresse en moi Ă ce qu'il y a de plus vrai Green,Journal, 1942, subst. fĂ©m.,rare. Bavardage, discours abondant et vide. Synon. parlage.[Manon] a fait plus pour la cause, hier soir, que trois mois de parleries de ces messieurs La Varende,Man' d'Arc, 1939, s'est aperçu qu'on ne pouvait creuser longtemps les mots Ă vide; il s'est dĂ©tournĂ© de la grande parlerie surrĂ©aliste qui a consistĂ© pour beaucoup Ă choquer des mots sans objets les uns contre les autres Sartre,Sit. I, 1947, subst. acoustique situĂ© Ă la porte d'un immeuble et permettant, avant d'y pĂ©nĂ©trer, de se mettre en communication avec l'un de ses occupants. Tous les studios sont livrĂ©s meublĂ©s et dĂ©corĂ©s, cuisine Ă©quipĂ©e, salle de bains complĂšte, avec ascenseur, chauffage central, parlophone Le Point, 14 juin 1976, et Orth. [paÊle], il parle [paÊlÌ„]. Att. ds Ac. dep. 1694. Ătymol. et Hist. 937-952 parfait parla Jonas, Ă©d. G. de Poerck, 21. I. Intrans. A. 1. a 2emoitiĂ© xes. en parlant d'une personne user de sons articulĂ©s propres au langage humain» St LĂ©ger, Ă©d. J. Linskill, 161 Am las lawras li fai talier Hanc la lingua quae aut in quev [...] Hor a perdud don deu parlier; 1174-76 Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, Ă©d. E. Walberg, 71 Li mĂŒet i parolent, li surt i unt l'oĂŻe; b ca 1100 s'exprimer Ă l'aide de ces sons» Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 3784 Ben set parler [Pinabel] e dreite raisun rendre; 1174-87 trop parlanz, bien parlanz ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 1647, 7721; 1641 loc. gĂ©nĂ©ralement parlant Descartes, MĂ©ditations, vieds OEuvres, Ă©d. A. Bridoux, 2. spĂ©c. a fin xes. faire connaĂźtre sa volontĂ© par une dĂ©claration, un discours, en vue d'ĂȘtre entendu, obĂ©i» Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 106 [Jesus li bons] Tan dulcement pres a parler [...] A cel sopar un sermon fiz; ca 1100 Roland, 426; 675; 752; b 1174-76 s'entretenir, confĂ©rer, Ă©changer des avis avec quelqu'un» Guernes de Pont-Ste-Maxence, op. cit., 1781 Dunc alerent ensemble li evesque parler; c 1646 faire connaĂźtre, rĂ©vĂ©ler ce qui devrait ĂȘtre tu» Corneille, HĂ©raclius, II, 1 Vous ĂȘtes fille, Eudoxe et vous avez parlĂ©; 3. accompagnĂ© d'un compl. d'obj. indir. parler de a fin xes. de aucune rien Passion, 452 De regnum Deu semper parlet [Jesus]; b ca 1100 d'aucun Roland, 522 De Carlemagne vos voeilloĂŻr parler; 4. avoir une conversation avec quelqu'un a parler ab, a avec» fin xes. Passion, 260 Ab les femnes pres a parler; 402 Si parlet a las femnes, dis; ca 1050 St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 448 Set a mei sole vels une feiz parlasses; ca 1100 Roland, 369 Par grant saveir parolet li uns a l'altre; b ca 1165 parler de... a BenoĂźt de Ste-Maure, Troie, 5542 ds 1174-76 Guernes de Pont-Ste-Maxence,op. cit., 1786. B. S'exprimer par Ă©crit. Traiter d'un sujet 1. ca 1050 en parlant d'un auteur St Alexis, 15; 2. 1174-87 en parlant d'un Ă©crit traiter, disserter de» ChrĂ©tien de Troyes, op. cit., Ă©d. F. Lecoy, 6289; ca 1208 Geoffroi de Villehardouin, ConquĂȘte de Constantinople, Ă©d. E. Faral, 8; ca 1260 letre bien parlant RĂ©cits d'un MĂ©nestrel de Reims, 229 ds C. P. anal. 1. ca 1050 le sujet est une statue figurant une personne St Alexis, 183 Est vus l'esample par trestut le paĂŻs, Que cele imagine parlat pur Alexis; 2. ca 1100 un animal Roland, 2559 Cascun [ours] parolet altresi cume hum; ca 1180 Marie de France, Fables, 51, 18 ds 3. 1634-36 un instrument de musique tuiau [d'orgue] qui parle bien Mersenne, 1. 6 ds Rich. 1680. D. 1. 1556 le sujet est une chose Ă laquelle on prĂȘte un langage, une signification Ronsard, Nouvelle continuation des ,,Amours``, Sonet, 12 ds OEuvres, Ă©d. P. Laumonier, icy toute chose ayme, Tout parle de l'amour, tout s'en veult enflammer; 1680 armes parlantes Rich.; 1633 fig. Bertaut, OEuv., ds Gdf. Compl. Leur vie est un parlant exemple; 2. 1665 une abstraction Ă laquelle on prĂȘte une facultĂ© d'expression s'imposer, commander» Racine, Alexandre, I, 2 Et, quand la gloire parle. E. 1661 s'exprimer par un moyen naturel autre que la parole» MoliĂšre, D. Garcie, I, 1 Un soupir, un regard, une simple rougeur, Un silence est assez pour expliquer un coeur Tout parle dans l'amour; 1654 part. prĂ©s. adj. parlant Perrot d'Ablancourt, Lucien, De la danse ds LittrĂ© [en parlant d'un pantomime] cet homme avoit le corps et les mains parlantes. II. Trans. A. parler mot dire un mot» fin xes. Passion, 478 De Crist non sabent mot parlar [Li soi fidel]; ca 1180 [en parlant d'un oiseau] parler les matinees dire les matines» Marie de France, Fables, 56, 7 ds B. Employer pour s'exprimer dans telle ou telle langue fin xes. Passion, 459 Lingues noves il parlaran et dĂŻables encalceran; ca 1200 savoir parler latin et roman Aiol, 276 ds latin; 2emoitiĂ© xiiiparler Franchois AntĂ©christ, I, 3 ds françois. C. Aborder, traiter tel ou tel sujet [avec un compl. sans art.] 1remoitiĂ© xiies. parler pais [pacem loqui] Psautier de Cambridge, 27, 3, ibid.; 1613 RĂ©gnier, Satires, XV, 58, Ă©d. G. Raibaud, Et sans parler curĂ©, doyen, chantre ou Sorbonne. D. 1672 parler Vaugelas MoliĂšre, Femmes savantes, II, 7. E. Prononcer, dire sur le ton de la conversation 1768 Voltaire, Lettre Ă d'Argental, 18 nov. ds Corresp. Ă©d. Th. Besterman, C'est une tragĂ©die [Les GuĂšbres] qu'il faut plutĂŽt parler que dĂ©clamer. Du lat. chrĂ©t. de basse Ă©poque parabolare dĂ©r. de parabola, v. parole, relevĂ© dans des textes jur. et hagiographiques tardifs 678-79 parler» Visio S. Baronti; 853 confĂ©rer ensemble» Capit. miss. Silvac. ds Nierm.. Ce verbe a Ă©liminĂ© les class. loqui grĂące Ă sa forme plus Ă©toffĂ©e et Ă son sens plus concret et fabulari, v. hĂąbler. Pour la gĂ©nĂ©ralisation des formes faibles type il parole > il parle, v. FouchĂ© Morphol., 142. V. aussi R. Chatton, Zur Geschichte der romanischen Verben fĂŒr ,,sprechen``, ,,sagen`` und ,,reden``, Bern, 1953. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 72912. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 93766, b 99643; xxes. a 108012, b 111726. Bbg. Cornu J.. Rem. sur l'anc. conjug. du verbe parler. Romania. 1875, _Lanly A.. Morphol. historique des verbes fr. Paris, 1977, _Muller Ch.. Dans notre courrier. Fr. Monde. 1965, Les Verbes les plus frĂ©quents du fr. Fr. Monde. 1974, no103, _Quem. DDL 10, 13, 14, 18, 19 parlons, 20, 24 parlophone. _Schmidt A.. Die Verbalabstrakta der Wortfamilie parler. Diss. Bonn. 1971, 210 p. xPn9Y.